L’improvisation est la mère de l’art dramatique. Elle est à l’origine de tous les théâtres, de tous les contes, de tous les récits, de l’acte même de jouer, d’interpréter. Même lorsqu’on joue un texte actuel ou du répertoire, l’acteur improvise. Ce n’est plus la mémoire qui s’exprime mais le moment présent, bien sûr dans ce cas, répété jusqu’à l’oubli.
- Raymond Cloutier, L’improvisation phagocytée par un jeu de société
In improv, you are not in the results business. When you are truly improvising, you never know where you going to end up, and life is no different. Actually, in improv if you are doing a scene and you think you know where you are going, you not improvising at all — you are trying to controlling the outcome and you’ll end up with crumbs when you could have had the whole cake. Any time you collaborate with someone, you will create something beyond what you could have imagined by yourself. I can not tell you how many great opportunities have happened in my life because I showed for one thing, didn’t worry about the results, and ended up getting something even bigger.
—Jimmy Carrane, Improv Nerd via : The Improvisor’s Improvisor
Saviez vous qu’il y a une page dédiée aux citations ? Et hop :
CITATIONS POUR L’IMPROVISATION THÉÂTRALE
(ET PLEIN D’AUTRES SUJETS INTÉRESSANTS)
Donnez-moi vos frustrés, vos brimés
Qui en rangs serrés aspirent à raconter des histoires,
Le rebut de vos ateliers surpeuplés.
Envoyez-les moi, les improvisateurs, que le jugement terrifie,
De ma théorie, j’éclaire la scène d’or !
- Inspiré du Nouveau Colosse
Jeux de Comédie, présenté par Thierry Beccaro :
jeux de comedie from bizdubaf on Vimeo.
A l’écran, une femme s’affuble d’un conduit d’aération et barrit pour bien montrer qu’elle est un éléphant. Un homme chante sa douleur d’être un four à micro-ondes et un autre joue de l’orgue de Barbarie avec une essoreuse à salade. Loin des boîtes à rires gras de Bouvard ou Lagaf’, Jeux de comédie, adaptation d’un divertissement québécois, tire vers la commedia dell’arte. Plutôt spontanée et légère, cette récréation estivale, présentée par Thierry Beccaro (Motus le matin sur France 2, c’est lui), a pour raison sociale l’improvisation. Quatre comédiens, chaque soir différents, doivent faire preuve de repartie et de vivacité.
…de jazz.
Par ailleurs, la Sacem, qui gère les droits des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, a annoncé aujourd’hui avoir mis en place un nouveau statut en faveur des improvisateurs de jazz. Désormais, tout compositeur membre de la Sacem et bénéficiant du statut d’improvisateur, pourra être rétribué pour l’exploitation d’un enregistrement de son improvisation si le thème choisi appartient au domaine public.
Si l’impro m’était contée : Histoire non improvisée de l’improvisation théâtrale conjuguée avec celle du théâtre - Le 17 septembre à Paris - Carré de l’Impro - Paris 11
Nouvelle expérience : inspirée par mes biographies théâtrales, Lafayette et Jaurès, je me dis que tout est possible et encore plus, de faire l’histoire didactique de l’impro dans une conférence théâtrale où j’en dirais autant que dans une vraie conférence…
Tout improvisateur se doit de connaitre les marqueurs temporels, les mouvements théoriques et les grands noms cités dans cette conférence sur l’histoire de l’improvisation théâtrale que Christophe Tournier a présentée lors du Carré de l’Impro. C’est tout simplement brillant !
Je vois un théâtre plein à craquer avec des gens qui font la queue devant l’entrée et qu’on doit même refuser. Le public est bigarré et composé de gens normaux (sans liens avec les comédiens) qu’on est allé chercher dans leur quartier ou qui sont venus ou revenus d’eux-mêmes. Le tarif est abordable. Il y a une machine à pop-corn et l’ambiance est électrique. Le spectacle est un bon spectacle et certaines scènes sont magiques, poignantes et resteront longtemps dans l’esprit des spectateurs! A la fin de la soirée, le public a le même sentiment qu’après une des ces rares soirées entre amis où tout s’est passé comme si c’était écrit et où l’énergie et la bonne humeur n’a fait que monter tout du long.
Le groupe d’improvisateurs tourne autour d’une trentaine de membres tous bénévoles et d’origines diverses (il y a des comédiens professionnels, des amateurs, des avocats, des ouvriers, etc…) qui alternent entre la présence sur scène et les autres rôles nécessaires pour le spectacle (mise en scène du spectacle, vente de billets, buvette). L’organisation est bien rodée et l’équipe est soudée et tout tourne presque tout seul. Il y a des spectacles chaque semaine. Avant le spectacle, un atelier ouvert à tous a lieu pour s’amuser et partager les exercices et les fondements du spectacle à l’issue duquel on choisit les improvisateurs qui monteront sur scène le soir-même et les autres rôles. Un deuxième atelier chaque semaine est plus technique pour progresser et travailler. Dans le théâtre, on a accès à des costumes et des éléments de décor. L’équipe est constamment en train de chercher de nouvelles idées pour rendre le show meilleur, explorer de nouvelles pistes, prendre des risques. Et au fil du temps, les scènes et les improvisateurs deviennent de plus en plus bons!
(Photo en couverture d’Impro For Storytellers)
Voila l’objectif: revenir aux sources, redécouvrir l’essentiel, scène par scène, histoire après histoire… Même sans parler la langue, même s’ils vivent dans un monde radicalement différent du notre, rien qu’en regardant cette image, on retrouve quelque chose qu’on a tous déjà vécu: l’attention portée à celui qui raconte une histoire est universelle.
J’en rêvais depuis des années : réunir des improvisateurs pour présenter des idées, proposer des spectacles, organiser des ateliers et partager sur l’état de l’improvisation théâtrale en France, les bonnes pratiques, les innovations, les approches. META (dont fait partie Ouardane) organise le Carré de l’Impro, une conférence sur l’improvisation théâtrale !
J’y serai et j’espère que vous aussi !
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Le Carré de l’Impro
Qu’est ce que c’est ?
C’est une convention d’improvisation théâtrale organisée à Paris, le 17 Septembre à partir de 14h.
L’idée était de réunir tous les gens intéressés par l’improvisation dans un moment festif pour explorer toutes les facettes de l’impro.
L’évènement se décompose en deux parties : une après-midi qui s’ouvrira sur une conférence sur l’histoire de l’improvisation théâtrale par Christophe Tournier. Ensuite, programme sur mesure : des spectacles show-case, des ateliers pour débutant ou confirmé (Improfessionals, Eux, Improvisades), des tables rondes pour débattre, un forum pour créer des projets.
Le soir, Haroun, Eux et les Improfessionals nous offriront un spectacle inventé par Haroun : un 7ToSmoke. Inspiré par les battle de hip-hop, votez pour votre personnage préféré qui reviendra dans la scène suivante. Ensuite, tous ceux qui souhaitent monter sur scène pourront jouer au cours d’une scène ouverte conviviale.
Et tout ça pour 15€ pour la journée (ou 10€ pour l’après-midi ou le soir seulement).
Etude de cas: Pixar vs. Dreamworks.
Si Pixar vous touche au-dessus de la ceinture, Dreamworks exploite ce qui s’y trouve en dessous.
http://www.bspcn.com/2009/06/30/dreamworks-vs-pixar-story-development/
La preuve par les chiffres:
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http://themetapicture.com/dreamworks-always-one-step-behind/
Conclusion: la narration bat la blague.
À chaque remarque que je faisais sur les faiblesses du spectacle, la comédienne répondait : « Oui, mais ça, c’était pour nous faire plaisir ». Et le public, il comptait pour du beurre ?
http://www.lestroiscoups.com/article-billet-a-batons-rompus-de-vincent-cambier-71818620.html
Cet article donne quelques conseils pour les fans de jeux de rôles intéressés par l’improvisation sur la base des théories de Keith Johnstone : http://ptgptb.free.fr/daedalus/impro.htm L’article est en français et résume assez bien le livre Impro. C’est donc utile également pour les improvisateurs tout court !
J’en profite pour demander s’il y a des improvisateurs / rôlistes intéressés par des sessions de jeux issus du Storytelling System. Je serais également intéressé par d’autres jeux “narratifs” : je pense à Il était une fois, mais il y en a peut-être des plus intéressants. Faites moi signe.
Wait ? What is this ? http://www.narrativiste.eu/
You might reach an asshole phase at two and a half to three years in, in which all the old [ones] are hopelessly outdated and only you understands how improv works. This will seem funny later.
That’s me.
You should do it do get some traction out of it. It should have some bite. It shouldn’t just be an archaic entertainment, just for the laugh. - Keith Johnstone
Also, Keith is at BATS right now, and they are tweeting the workshop: http://twitter.com/#search?q=%23KJBats Edit: for some reason, the tag doesn’t work now. Here are links to the initial intensive twitter updates on the accounts of Improv Notebook, Rich Cox, Paul Killam and William Hall.
Cette critique résume bien mon sentiment sur le Catch-impro :
En fait, rien de neuf par rapport à la formule inventée au Québec pour remplir les stades de hockey : deux équipes en maillot sur un ring, un arbitre souverain et le public qui vote en brandissant un carton.
On me parle souvent du Catch-impro comme d’une innovation particulière par rapport au match, voire une libération par rapport à ses contraintes propres. J’ai du mal à voir la différence. Est-ce que j’ai raté quelque chose?
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Une réflexion de grande envergure, à la hauteur de la place qu’occupe l’impro là-bas. J’aimerais tellement y participer.
Le Théâtre de la Ligue Nationale d’Improvisation présentera prochainement, sous la présidence d’honneur de la Ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine Madame Christine St-Pierre, les premiers États généraux de l’improvisation théâtrale.
Du 25 au 27 mars 2010, le Théâtre de la LNI offrira aux professionnels et aux amateurs trois journées de réflexion sur la place de l’improvisation dans le paysage théâtral. L’improvisation comme outil de formation de l’acteur, comme technique d’écriture dramatique et comme moteur d’expression d’un théâtre performatif seront les principaux thèmes abordés à travers des tables rondes, des conférences-démonstrations, des entrevues et des spectacles.
UN GRAND ENTRETIEN AVEC ROBERT LEPAGE
Afin de pousser la réflexion plus loin, le Théâtre de la LNI a réuni plus d’une vingtaine de comédiens, metteurs en scène et théoriciens du théâtre improvisé qui interviendront lors de ce colloque. L’ancien joueur de la LNI, comédien et metteur en scène de renommée internationale, Robert Lepage, participera d’ailleurs à une grande entrevue portant sur l’importance de l’improvisation dans son oeuvre qui se déroulera lors de la Journée mondiale du théâtre le 27 mars. Aussi, l’auteur dramatique, metteur en scène et pédagogue Alain Knapp, venu spécialement de la France, présentera également une grande conférence le 26 mars.
Deux spectacles d’improvisation théâtrale seront présentés en soirée. Le 25 mars, les comédiens de la troupe Cinplass (Édith Cochrane, Frédéric Barbusci, Antoine Vézina, Anaïs Favron, Guillaume C. Lemée et Louis-Martin Guay) débarqueront avec leur théâtre spontané au Studio Théâtre Alfred-Laliberté de l’UQAM. Les six comédiens improviseront, grâce à leur complicité, un spectacle composé d’une ou de plusieurs histoires, avec ou sans liens entre-elles et sans aucune contrainte imposée.
Le lendemain, six comédiens joueurs à la LNI se plieront aux directives du réalisateur et entraîneur à la LNI Christian Laurence lors d’un atelier-spectacle où la temporalité et l’équilibre entre recherche et représentation seront explorés. Les billets pour les spectacles sont en vente au comptoir Admission de l’UQAM, 514 987-3456, au coût de 5$ étudiant et 10$ régulier.
Source: http://patwhite.com/node/10196
Voir également:
http://www.theatre.uqam.ca/component/content/article/32/90-colloque-impro.html
Je note qu’à l’occasion de ces Etats Généraux, la compagnie retenue pour les spectacles, Cinplass, dont j’apprécie énormément les textes, a choisi de présenter le premier jour une forme particulièrement libre (non sans rappeler par exemple le Harold) ainsi qu’une forme dirigée le deuxième jour (non sans rappeler par exemple les formats d’improvisation dirigée de Loose Moose).
La révolution est là: c’est ici et maintenant que ça se passe. Elle est aussi là, là, là, là, là, là, là, là, là et là. Si vous saviez à quel point je suis excité par tout ça.
Ce qui est nouveau, ce n’est pas le caractère expérimental. L’impro l’a été à ses débuts et aurait toujours du le rester. Ce qui est nouveau, c’est l’approche: la réflexion - nécessaire si on veut pouvoir évaluer ce que l’on fait - et l’engagement dans la durée - nécessaire si on souhaite un véritable travail sur la forme proposée - voire le professionnalisme avec lesquels les troupes se jettent dans l’innovation. La prise de risque en impro ne doit pas être qu’un gimmick. Elle est bien trop essentielle pour ça.
Elle est souvent approximative alors qu’elle pourrait être calibrée. Elle est souvent futile alors qu’elle pourrait ajouter du sens. Elle est souvent superficielle alors qu’elle pourrait être profonde.
Cette phrase assassine tirée du site de la compagnie du Crache-Texte illustre bien cette idée:
Parce qu’il ne suffit pas de s’habiller en astronaute plutôt qu’en joueur de hockey pour modifier radicalement son jeu…
Dans dix ans, on vous dira: “Et vous, vous étiez où quand ça s’est passé? Vous faisiez quoi avec votre troupe?” Que direz vous à ce moment là? Que faites vous concrètement aujourd’hui pour contribuer à ce mouvement?
Si vous pensez en être, faites moi signe en commentaire. On a attendu trop longtemps. C’est le moment ou jamais.
The revolution is now.
En faites vous partie?
Soit A la narration, le contenu des scènes et la mise en scène retenue d’un spectacle.
Soit B la technique pure propre à l’improvisateur : spontanéité, répartie et capacité à créer dans le moment.
Je postule que ce qui définit le professionnel, c’est qu’il met B au service de A. Que ce soit l’improvisation en tant que représentation (spectacle d’impro classique), en tant qu’outil utilisé pour développer du contenu (approche Second City) ou en tant qu’outil de travail du comédien et du metteur en scène en préparation d’une pièce (méthode… Stanislavski ?). On se focalise sur le produit. C’est logique : on en tant que professionnel, on cherche à vendre.
Je postule que ce qui définit l’amateur, c’est qu’il met A au service de B. On insiste sur la performance, et on met en valeur l’improvisateur. L’histoire ne sert qu’à trouver des moments pour briller et on fait en sorte de montrer le squelette derrière la représentation. On se focalise sur le processus.
Je ne souhaite pas devenir professionnel. Mais je ne veux pas être un amateur non plus. J’aime être entre les deux.
Je suis un semi-pro.
Si vous n’annonciez pas au public que votre spectacle est improvisé, seriez-vous aussi intéressants?
C’est à mon sens là qu’est le vrai challenge.
Scriptwriting isn’t easy. Some people spend months trying to perfect a specific scene, trying to write that perfect line that sticks in the mind of those who hear it. Then these guys come along and do it off the top of their heads.
Source : http://www.bspcn.com/2010/01/14/7-classic-movie-moments-you-didnt-know-were-improv/
Regardez le lien ci-dessus. Toutes les scènes tirées de ces grands films (Shining, Le Silence des Agneaux, Orange Mécanique, Star Wars) ont été improvisées, ou doivent largement aux propositions des acteurs qui les ont jouées. Certaines des répliques les plus mémorables (“You talkin’ to me?”) de l’histoire du cinéma ont été improvisées.
Les séries aussi ont recours à l’improvisation. Neil Flynn est un improvisateur américain passé par Second City et iO qui a percé dans le milieu du show-business. Les répliques de son personnage dans Scrubs (série que je n’ai malheureusement pas encore vue) étaient à un moment complètement improvisées. La rumeur veut que le script, pour ce personnage, était: “Peu importe ce que Neil dit.” (via: http://ussrocknroll.com/?p=3246)
Mais ma réplique improvisée préférée de tous les temps (réplique aussi très utile dans la vraie vie…) reste celle-là :
Ian: I love you, Improv.
Improv: I know.