FreshRSS

🔒
❌ À propos de FreshRSS
Il y a de nouveaux articles disponibles, cliquez pour rafraîchir la page.
À partir d’avant-hierBlog sur l'improvisation

Et si Michael Jackson n’avait rien pompé sur James Brown?

Par : HL

Le monde de l’improvisation regorge de conflits autour du thème du plagiat. On voit beaucoup de ligues ou de compagnies qui s’accusent de copiage, de manque de créativité, de piqueur d’idées. En général, ces accusations restent dans le domaine de discussions autour d’une bière, malheureusement, cela peut aller jusqu’au procès. (cf un article d’Yvan Richardet sur le sujet)
Lorsqu’on crée, la législation donne parfois les moyens de protéger sa création, parfois non. Alors lorsque sa création n’est pas protégée, il est difficile d’accepter de la voir reproduite à l’identique ou dans une version légèrement remaniée.

Et pourtant… L’invention ou l’idée géniale ne tombe jamais de nulle part! Tout artiste, avant d’en arriver à ce stade, passe par un processus de copiage ou d’imitation. C’est ainsi qu’un art évolue. Pourquoi? Parce que nous avons des neurones miroirs.

Découvertes par l’équipe de Parme de Giacomo Rizzolati dans les années 90, les neurones miroirs constituent une catégorie de neurones qui s’activent non seulement quand on fait une action, mais aussi quand on observe son congénère faire cette action. En d’autres termes, les neurones qui vont s’activer lorsque je vais prendre un verre d’eau et le boire, vont s’activer de la même façon si je vois quelqu’un prendre un verre d’eau et le boire. Même mécanisme avec le bâillement (avez vous noté à quel point il est communicatif) . Je vous laisse donc étayer, seuls, l’argument qui explique le succès des films pour adultes…

Mises en évidence d’abord chez le singe, ces neurones s’activent lorsqu’il voit un congénère mener une action ayant un but concret (comme s’alimenter ou se reproduire ). Le propre de l’homme est que ces neurones miroirs s’activent aussi pour des gestes ou des actions ayant une valeur symbolique. Voilà pourquoi on assiste à une épidémie de barbes et de tatouages dans le milieu footballistique. Voila pourquoi on veut toutes un sac Hermes. Voilà pourquoi l’Art et ses différents courants existent chez l’Homme et non chez nos cousins primates.

 

Dans cette interview, Giacomo Rizzolati dit:

« C’est grâce aux neurones miroirs que l’imitation est devenue un sujet important. En psychologie, on disait que l’imitateur est stupide, et le créateur génial. Or il faut d’abord imiter et ensuite on peut faire quelque chose de nouveau. Si on ne sait pas imiter, il n’y a pas de culture. C’est pourquoi je dis désormais aux enseignants : “Faites-les imiter, enseignez-leur à copier, c’est ainsi qu’on transmet la culture”. »

L’imitation et le copiage sont donc des processus incontournables par lesquels on passe avant de créer.

  • Si Michael Jackson n’avait pas reproduit le « Camel Walk » de James Brown ou la main sur le chapeau de Fred Astaire, le Moonwalk n’aurait jamais existé.
  • Gustav Klimt, peintre de génie du début du XXème, a imité un temps Van Gogh, dans ses tableaux de paysage.
  • Si depuis les années 80, les courants en théâtre d’improvisation se sont diversifiés, c’est parce que des formats déjà existants (Match, Catch, Theatersport, Harold …) ont été joués de manière plus ou moins approchées par une grande majorité d’improvisateurs.

Après, lorsqu’on est une personne bien éduquée, on fait preuve de courtoisie et d’honnêteté intellectuelle, en reconnaissant nos sources d’inspirations.Cela favorise les échanges sociaux et culturels qui promeuvent un art. Michael Jackson l’a d’ailleurs fait pour James Brown et Klimt pour Van Gogh.

Donc, pour mieux dormir ce soir, j’annonce

  • Que le Cri du Chameau a eu envie de faire une comédie musicale en voyant New (créée à Paris) et la CMI (créée en Suisse)
  • Que ma recette de pain d’épice est celle d’Anne Bouvet, ancienne collègue de Français.
  • Que j’ai acheté mon premier bandana rouge parce que Natacha C. de 4ème A en portait un autour de son cou.

Mais attention à nous offusquer trop facilement des copieurs. Balayons devant notre porte. Nous le sommes tous, c’est dans les processus d’évolution de toute espèce. Le vrai enjeu est  de savoir si nous avons l’honnêteté de reconnaître ceux qui nous inspirent?

Attention à l’intention du beau jeu

Par : HL

photo-article-intentionQue ce soit dans le théâtre écrit ou dans le théâtre d’improvisation, se revendiquer comme un représentant, un pratiquant ou un amoureux du « Vrai Beau Jeu », c’est se tirer une balle dans le pied dès le départ.

Le « Vrai beau jeu » ne peut se considérer comme un objectif, une performance, une spécialité. Le « Vrai Beau Jeu » …. Et puis d’abord…. Saisissez vous à quel point, déjà, cette appellation, en soi, est énervante tellement elle est vide de sens ! C’est quoi le « Vrai Beau Jeu » ?

Demandez à Pierre, Paul ou Jacques, personne n’en parlera de la même façon. Cependant, nous sommes tous tentés de l’utiliser pour mettre en lumière le fait que « Oui, moi tu vois je fais du Vrai Beau Jeu, parce que je ne suis pas comme les autres…. ».

Alors, plutôt que de parler de « Vrai Beau Jeu », parlons à la limite d’interprétation. Et explorer cela demande d’abord de ne pas être dans la performance, ni dans l’intention, uniquement dans l’expérimentation, les sensations et la prise de risque. Et dans cette exploration, parfois on touche à la vérité d’une émotion, parfois on sera totalement à côté de la plaque. Et c’est en acceptant d’être à côté de la plaque, en acceptant l’erreur, en acceptant le plantage intégral, qu’on peut espérer approcher de temps en temps l’insaisissable effet qui emporte et touche le spectateur.

Il est aussi faux de conduire coûte que coûte une scène improvisée vers le rire à tout prix, que vers l’émotion ou le « Vrai Beau Jeu » à tout prix (…encore un truc que je n’aime pas…comme si le rire n’était pas une émotion en soi).

Le tout est de se laisser impacter par les impulsions de nos partenaires, de notre environnement, de se voir conduire malgré soi vers un univers, des couleurs, des émotions, un rythme qui s’impose d’eux-mêmes. Cette série d’impulsions peut mener au rire ou à une autre émotion. L’avantage, c’est qu’en laissant faire, on laisse se créer une diversité.

Mais obéir aux impulsions demande d’être dans un état de relâchement à l’opposé de l’exigence de qualité, à l’opposé de la recherche de performance ; demande d’être plus proche de l’état d’esprit d’un gosse qui joue, que de celui d’un GRAND COMÉDIEN DE THEAAAAAAATRE QUI prétend faire du VRAI BEAU JEU .

Impro à gueule d’atmosphère

Par : HL

Selon Michael Chekhov, chaque scène doit baigner dans une atmosphère.

Sans elle, la scène se réduit à un espace psychologiquement vide. Le spectateur n’en aura qu’une compréhension intellectuelle. La scène ne stimulera pas ses sentiments.

Sous son influence, l’acteur se surprendra à voir son personnage inventer spontanément de nouveaux détails. L’atmosphère inspire l’acteur, du moment où il se laisse prendre à son influence.

La réussite d’une scène improvisée ne tient donc pas au « contenu » de ce que nous disons. Pas la peine de courir après « le truc intéressant qui va venir! », au mieux vous n’en sortirez qu’une bonne blague!

Une belle scène improvisée tient à ces petits détails qui mine de rien vont créer cette atmosphère. L’environnement physique, la relation entre les personnages, leurs statuts, leur psychologie. D’où l’importance de prendre son temps pour mettre la plateforme en place, de s’amuser avec l’environnement.

Et si les acteurs sont en connexion avec leur environnement et leurs partenaires de jeu, qu’ils se laissent modifier par ce qui se passe là maintenant, qu’ils sont dans leurs sensations et non dans leur tête, que les impulsions qu’ils reçoivent sont les seules à être à l’origine de leurs actions, alors ils subiront l’influence de cette atmosphère et tout le monde sera au diapason.

Johnstone dit : « Don’t make gags in love scene! ». Pourquoi? Parce que si une atmosphère amoureuse est entrain de se tisser et que vous faites une blague, aussi bonne soit-elle, vous en détruisez l’atmosphère qui est le catalyseur de tout. A rester dans sa tête et chercher « le truc intéressant ou rigolo à dire », on risque de donner un coup de pied dans cette atmosphère et de la voir s’effondrer comme un château de carte. Et après…Tout est à recommencer.

Références:
Michael Chekhov: « Etre acteur »
Keith Johnstone: « Impro for storytellers »

Improvisateurs…Gérez aussi la 3ème mi-temps

Par : HL

La dernière improvisation se termine, vous saluez le public, vous sortez de scène sous les applaudissement, et là vous arrivez en coulisses rempli de questions: « Le spectacle était-il bon ou pas? » , « Ai-je été bon ou non? », « Le public est il content ou non? » , et parfois même vous avez cet arrière goût amer où vous savez que le spectacle était de bien piètre qualité, où vous savez que votre prestation n’était pas des meilleures, où vous savez que le public s’est vraiment ennuyé….

Peu importe! L’heure n’est pas aux états d’âmes! Les spectateurs vous attendent à la sortie pour passer un moment avec vous, parler du spectacle, échanger. Alors allez y!

Ils n’ont pas besoin qu’on leur tire une gueule d’enterrement ou qu’on leur réponde
– « Ouais Bof! » à leurs
– « Hé! C’était chouette! »,
tout ça pour tendre la perche pour qu’ils en rajoutent une couche
– « Mais si si! Je t’assure t’as été très bien! » – « Je t’assure, j’ai passé un très bon moment! »
Réponses qu’on recevra avec une moue dubitative!

Bref! Dans ces moments là on se mériterait bien des claques!

Peu importe que leurs compliments soient sincères ou non. Les spectateurs ne sont pas là pour vous faire un feedback en bonne et due forme. Les spectacles d’improvisation théâtrale sont des spectacles de proximité, très interactifs avec le public, donc cette interaction doit se prolonger dans la convivialité des échanges après le show.

Au travers de ces compliments, les spectateurs témoignent de leur bienveillance, on se doit donc d’être bienveillants en échange en se rendant convivial, agréable et souriant. Jill Bernard, dans les multiples conseils qu’elle donne dans la vidéo ci dessous, nous recommande de répondre simplement « Merci! » aux compliments des spectateurs.

3am Improv Thoughts from Jill Bernard from Jill Bernard on Vimeo.

3am Improv Thoughts from Jill Bernard from Jill Bernard on Vimeo.

Donc, quand le spectacle est terminé, on se doit de ne pas se relâcher. Participons à ce moment d’échange avec nos spectateurs …. Pour le reste, on aura toute la nuit pour tirer notre gueule d’enterrement …

Article écrit en collaboration avec Smoking Sofa

Au restaurant, toujours la même scène !

Par : HL

On a vu des centaines de scènes improvisées dans des restaurants… Et neuf fois sur dix, elles se ressemblent toutes. Asaf Ronen, de Yesand.com, dans cette vidéo, décode ce phénomène et propose de bonnes solutions. La vidéo étant en anglais, une description du contenu est disponible à la suite.

YES & KNOW: Episode #1 – Chez Anything from Asaf Ronen on Vimeo.

YES & KNOW: Episode #1 – Chez Anything from Asaf Ronen on Vimeo.

Lorsqu’on demande au public un lieu et qu’on répond « Restaurant », la scène se passe toujours de la même façon:

  • Le premier improvisateur dispose deux chaises trois quart face l’une de l’autre
  • Il s’installe, le second arrive en disant ….. « Désolé, je suis en retard! »
  • Il s’agira d’un premier rendez-vous
  • Un troisième arrive faisant le serveur et disant « Que désirez vous? »

Or ce que défend Asaf Ronen, c’est que chaque petit choix que l’on fera, réinventera une scène qu’on n’a jamais vu auparavant.

Par exemple, au niveau de la position des chaises: éloignez les, ou rapprochez les, ou mettez les face à face, et vous serez à un restaurant de sushis, une taverne bavaroise, un bistrot parisien romantique.

Le second peut entrer de tant de façons différentes, « Je suis tellement émue! Et se mettre à pleurer… » , ou « Ok! Ca va là! On va y mettre un terme une bonne fois pour toute! » …Et là! On est dans le milieu de quelque chose (« Start in the middle!), on est directement projetés dans la situation.

Donc, faisons ces petits choix qui rendront l’impro unique, amusons nous à créer un environnement spécifique, prenons des risques …. pour arrêter de refaire mille fois la même scène!

❌